2011-01-11

Un "euro vert" contre un franc destructeur

Dans les temps prochains, les chemins du devenir agricole et des relations entre la Suisse et l’Union européenne vont se croiser. D’un côté, va se jouer le sort de l’accord de libre-échange agroalimentaire avec l’UE. De l’autre, l’UE remet en cause la poursuite de ses relations avec la Suisse par la voie bilatérale. Et, à la croisée de ces chemins, l’envol du franc suisse par rapport à l’euro vient semer le trouble.


Le Groupe pour une politique agricole offensive (GPAO) reste convaincu qu’ un tel accord de libre-échange est indispensable si l’on veut maintenir à long terme une producrion agricole substantielle en Suisse. Ceci pour les raisons suivantes:

• une branche durablement non compétitive est condamnée à perdre de sa substance, à s’étioler progressivement ;

• La plus grande partie des produits alimentaires sont des denrées agricoles devant subir un processus de transformation industrielle avant d’être consommées ;

• Vu l’éroitesse du marché suisse, l’industrie alimentaire doit être capable d’exporter afin d’atteindre une taille critique rationnelle.

A la différence de ce qui a prévalu de la Première Guerre mondiale à la chute du mur de Berlin, il n’est plus de menace plus ou moins proche et imminente pour l’approvisionnement du pays, qui justifie, aux yeux de la majorité des décideurs politiques et économiques, de produire en Suisse, à n’importe quelles conditions, assez de tout en suffisance. Comme en matière de sécurité et de défense, l’espace stratégique de la souveraineté alimentaire s’est élargi à l’espace continental. Et, dans cet espace élargi, il est normal qu’une certaine division internationale du travail intervienne, c’est-à-dire que les pays se spécialisent dans les branches où ils ont des avantages compétitifs.

Le hic, c’est qu’il est bien joli de décréter le libre-échange avec nos partenaires voisins, mais il ne conduira pas à la convergence des prix et à la compétitivité si les taux de change des monnaies divergent et viennent au contraire creuser les écarts.

Maurice Allais, prix Nobel d’économie 1988, a le premier dénoncé l’incompatibilité entre le système monétaire international et la libéralisation transfrontalière des échanges. En 1995, à Stockholm, devant un auditoire de responsables de la branche agroalimentaire, il affirmait : « La libéralisation des échanges ne vaut qu’à l’intérieur d’Associations régionales dotées de marchés communs prenant place dans des cadres politiques communs. » (1)

Les événements que nous vivions depuis quelques mois lui donnent entièrement raison. De mi-2007 à fin 2010, l’€ a perdu plus de 25 % de sa valeur par rapport au franc suisse, dont quelque 18 % en 2010. Alors, à quoi bon négocier pendant des années une réduction de la protection douanière aux frontières ou une compression des coûts par rationalisation quand le yoyo des cours de change peut en quelques semaines effacer les résultats péniblement obtenus ?

Sue la plan des relations Suisse-UE, Bruxelles fait savoir avec insistance que le sur-mesure sectoriel, à la carte, que demande Berne est trop lourd et complexe et n’assure de toute façon pas une homogénéité et une sécurité du droit suffisante dans la durée. Plus précisément, elle requiert la reprise de l’acquis communautaire et de son développement. Pour l’heure, le Conseil fédéral refuse de prendre le moindre risque en année électorale. Après avoir passé en revue les différents modes de relations envisageables dans son Rapport sur l’évaluation de la politique européenne (2), il affirme vouloir s’en tenir à la voie bilatérale. Le moment venu, s’il y a lieu de choisir un régime agréé par l’UE, on subodore que l’option, manquée en 1992, de l’Espace économique (EEE) n’aura pas les faveurs de la cote ; il implique la reprise de l’acquis communautaire sans droit de codécision, ce qui est peu digne d’un Etat souverain. Plus attractive devrait être une « adhésion assortie de certaines dérogations » ou « adhésion light » dans le langage courant. Et la dérogation mise en avant dans le Rapport est celle de la conservation du franc suisse, à l’exemple de la Grande Bretagne, du Danemark et de la Suède. On peut imaginer qu’Economiesuisse pourrait s’en accommoder.

Pour l’agriculture, mais tout autant pour le tourisme et le noyau de l’économie réelle, la conservation du franc suisse dans un espace de libre-échange dominé par l’euro serait intenable. Ces branches seraient forcées de combler de façon répétée l’écart de prix que creuserait chaque nouvelle appréciation du franc par rapport à l’euro. Exigée par le secteur financier, une telle option aurait pour conséquence de « financiariser » toujours plus l’économie suisse par la marginalisation des autres secteurs. En effet, les entreprises de transformation des branches mécaniques, horlogères, alimentaires seront contraintes de délocaliser leurs ateliers de production hors des frontières ou, à tout le moins, de pratiquer le trafic de perfectionnement actif transfrontalier. Si les multinationales peuvent en tout ou partie compenser l’effet de change par l’achat de composantes à l’étranger et jouer sur les prix de transfert entre siège et filiales, il n’en va pas de même pour la plupart des PME dont l’activité s’exerce prioritairement sur le marché national. De leurs côtés, l’agriculture et le tourisme sont indéfectiblement enracinés dans le territoire national et ne peuvent ni délocaliser leurs activités ni acheter une forte proportion d’agents de la production en devises avantageuses. Donc, le rapprochement des prix suisses et européen ne serait pas réalisable une fois pour toutes, mais devrait être fait et refait chaque fois que le franc suisse prendra de la hauteur. Et il est probable que la propension du franc suisse à s’alourdir serait favorisée par l’emprise croissante du secteur financier sur l’économie et sur la politique. Progressivement, la Suisse prendrait des allures de Monaco ou de Singapour avec une concentration des activités rémunératrices dans les cités, à côté de campagnes et de paysages négligés. La rivalité, déjà perceptible entre les ténors de l’économie dite réelle et les magnats de l’économie financière serait exacerbée et le risque systémique accru. En un mot, un franc suisse fort, isolé dans un marché unique continental, serait destructeur de la cohésion nationale et de l’équilibre des activités.

Idéalement, pour satisfaire les intérêts de la branche agroalimentaire et l’adéquation des relations avec l’Union européenne tout en écartant l’obstacle monétaire, la meilleure des solutions est l’adhésion pleine et entière, soit avec la substitution de l’euro au franc suisse. Mais voilà, comme l’a écrit Hugo Loetscher : « Si Dieu était suisse, il en serait encore à se demander s’il convient de créer le monde ». Aussi, dans le pays des petits pas et des compromis, on ne peut exclure le passage par des étapes de rapprochement intermédiaires.

Si donc, en dépit de leur incompatibilité, il faut faire provisoirement ou durablement avec le libre-échange et le franc suisse, quels correctifs administrer ? Depuis quelques mois, une palette de chefs d’entreprises, politiciens, et économistes proposent un éventail de remèdes : couverture du risque de change par les banques, intérêts négatifs sur les dépôts étrangers, impôts sur les transactions fiancières, rattachement du franc à l’euro.

Pour l’agriculture, il y a le précédent de la « monnaie verte » lontemps pratiquée dans l’UE pour son marché agricole commun. De 1973 à l’avènement de la monnaie unique en 1999, les prix des denrées agricoles étaient fixés en ECU pour l’ensemble des pays de l’UE qui avaient alors encore, chacun, sa propre monnaie. Celles-ci pouvaient fluctuer les unes par rapport aux autres avec de fortes amplitudes. Aussi, provoquaient-elles des baisses, respectivement des hausses injustifiées de prix substantielles dans les pays à monnaie réévaluée, respectivement dévaluée. Pour pallier ces à-coups, le Conseil des ministres fixait alors chaque année des taux de change particuliers pour les transactions internationales afférentes à la politique agricole commune. Les écarts entre les « taux verts » et les taux du marché général donnaient lieu au paiement de montants compensatoires monétaires. Ces MCM prenaient ainsi la forme de subventions à l’exportation (et de prélèvements à l’importation) dans les pays a monnaie forte, notamment l’Allemagne et inversément dans les pays à monnaie faible.

Au catalogue des mesures d’accompagnement au projet d’accord de libre-échange agroalimentaire entre la Suisse et l’Union européenne, actuellement en négociation, il s’impose de prévoir un mécanisme de ce genre ou équivalent (« l’euro vert »).

Jean-Claude Trichet, Président de la Banque centrale européenne, nous apporte la caution de sa haute autorité. En 1993, alors qu’il était Directeur du Trésor au Ministère français des finances, il écrivait : « On peut supprimer tous les droits de douane et tous les obstacles non tarifaires aux échanges, si des différences de change importantes se multiplient entre les monnaies de l’ensemble économique considéré, ce sont autant de droits de douane immatériels qui ressurgissent, mettant évidemment en cause la réalisation du marché commun ». (3)

Jacques Janin, Mont-sur-Lausanne 10.1.2011

2010-12-25

Ernährungssouveränität

Gedanken zum agrarpolitischen Begriff
der Ernährungssouveränität

Als Abwehrstrategie gegen die geplanten Marktöffnungen im Rahmen der WTO und des Agrarabkommens mit der EU (FHAL) wurde der Begriff der Ernährungssouveränität, ein politisches Konzept der Kleinbauern und Landarbeiter aus Drittweltländern, in die agrarpolitische Diskussion gebracht.

Was bedeutet Ernährungssouveränität?

Der Begriff wurde an der Welternährungskonferenz 1996 von der internationalen Kleinbauern- und Landarbeiterbewegung Via Campesina geprägt und ist ein politisches Konzept und kein wissenschaftlicher Fachbegriff. Das Konzept bedeutet, dass allen Völkern, Ländern und Ländergruppen das Recht zugestanden wird, ihre Landwirtschafts- und Ernährungspolitik selbst zu definieren.

Durch die Ernährungssouveränität sollen die Selbstversorgung sowie die lokalen und regionalen Märkte, die Vorrang vor Exporten (Importen im Falle der Schweiz) haben, gefördert werden. Mit der Politik der Ernährungssouveränität werden die Vorherrschaft multinationaler Konzerne und der Welthandel bekämpft. Seinen Ursprung, und teilweise auch seine Berechtigung, hat dieses politische Konzept in Drittweltländern mit einem sehr hohen Anteil landwirtschaftlicher Bevölkerung und gleichzeitiger Unterversorgung mit Nahrungsmitteln.

Da die Ernährungssouveränität ein politisches Konzept ist und kein Fachbegriff, wird sie auch sehr unterschiedlich ausgelegt. Für die einen steht die Versorgungssicherheit in der Ernährung, ein möglichst hoher Selbstversorgungsgrad, im Vordergrund. Dies bedingt eine nachhaltige Nutzung unserer land- und alpwirtschaftlich genutzten Flächen sowie eine möglichst effiziente Nahrungsmittelproduktion entlang der ganzen Wertschöpfungskette. Für andere bedeutet Ernährungssouveränität die Wahlfreiheit, sich seinen Speiseplan selber zusammenstellen zu können. Eine Selbstverständlichkeit in unseren Breitengraden. Die Entscheidung fällt der Verbraucher. Damit diese Entscheidung, wo immer möglich, zu Gunsten der lokalen und regionalen Produkte ausfällt, müssen alle Massnahmen ausgeschöpft werden, die zu einer besseren Identifikation und Rückverfolgbarkeit von Nahrungsmitteln führen. Die unter der Leitung des Bundes von der Branche erarbeitete Qualitätsstrategie sowie eine unverwässerte Umsetzung der „Swissness-Vorlage“ des Bundesrates bilden künftig eine gute Grundlage dazu.

Das geplante Agrarabkommen mit der EU stärkt die Ernährungs-
souveränität

Das geplante Agrarabkommen mit der EU (FHAL) erhält, respektive verbessert die Versorgungssicherheit und schränkt die Wahlfreiheit der Verbraucher nicht ein, sondern erweitert sie. Die ganze Nahrungsmittelkette wird durch die Öffnung nicht geschwächt, sondern gestärkt, indem sie eindeutig wettbewerbsfähiger wird. Das Know how bleibt auf allen Stufen erhalten. Durch die Marktöffnung wird niemand gezwungen, Nahrungsmittel zu importieren, es müssen nur die Marktzutritte gewährt werden. Ob und wie viel importiert wird, entscheidet der Konsument. Die Konsumenteninformation wird durch das Agrarabkommen verbessert. Wichtig ist ebenfalls, dass bei einer allfälligen zukünftigen Verknappung des Angebotes an landwirtschaftlichen Rohstoffen die Schweiz mit einem Selbstversorgungsgrad von 55-60 % auf gute Handelsbeziehungen angewiesen ist. Durch den Abschluss des geplanten Agrarabkommens mit der EU wird sicherlich die beste Gewähr geboten, die 40 % fehlenden Futter- und Nahrungsmittel auch in schwierigen Zeiten zu beschaffen. Sich ausschliesslich auf die Selbstversorgung abzustützen, wäre, mit nur 1'300 m2 landwirtschaftlicher Nutzfläche pro Einwohner, eine unverantwortliche Strategie.

Die Erhaltung der Ernährungssouveränität (parlamentarische Initiative Bourgeois) rechtfertigt somit weder  vermehrten Protektionismus noch die Ablehnung des geplanten Freihandelsabkommen im Agrar- und Lebensmittelbereich (FHAL) mit der EU.

Dezember 2010,  Hans Burger

2010-12-24

De la difficulté de rendre la production agricole suisse eurocompétitive

Cours AGRIDEA, Grange-Verney, 17.11.2010, Jacques Janin

Introduction

Ce que je vais vous dire n’est pas très populaire dans les milieux professionnels agricoles ces temps. Aussi, comme Nelson Mandela le demandait à ses compatriotes noirs, qui ne comprenaient pas sa coopération avec les blancs, « Ne critiquez pas sans chercher à comprendre ».

Si l’on a dû ressortir un dinosaure de mon espèce pour présenter les arguments en faveur de cet accord, c’est que la pensée unique règne en maître.

Maurice Allais, Prix Nobel d’économie en 1988, qui vient de mourir, répondait à ses détracteurs :

« Le consentement universel ou même celui de la majorité, ne peut être considéré comme le critère de la vérité. Le seul critère valable de la vérité, c’est l’accord avec les données de l’expérience. »

Alors, interrogeons l’expérience ! Elle dit deux choses :

• Une branche durablement non compétitive est condamnée à perdre de sa substance, elle est destinée à s’étioler ;

• Pas d’agriculture, aujourd’hui, sans industrie alimentaire vu que la plus grande partie des produits alimentaires sont des produits agricoles ayant subi un processus de transformation industrielle.
Or, étant donné l’étroitesse du marché suisse, les entreprises du secteur agroalimentaire n’atteignent la taille critique que si elles sont capables d’exporter à des prix compétitifs (économies d’échelle). Jusqu’ici, pour les matières premières agricoles entrant dans les denrées alimentaires exportées, la loi chocolatière (Schoggigesetz) a permis de compenser les différences entre prix suisse et européen. Mais sa suppression est prévue dans le projet d’accord de l’OMC. Si, dès lors, nos industries alimentaires ne trouvent pas au pays des matières agricoles à prix convenable, ou bien elles délocaliseront leurs usines à l’étranger ou bien elles auront recours au trafic de perfectionnement (importation des matières premières entrant dans la production en Suisse des aliments destinés à l’exportation). Avec l’une ou l’autre alternative, la production indigène perdrait des parts de marché. De plus, le « tourisme alimentaire » ou achats de l’autre côté de la frontière refleurira de plus bel.

Le coeur de mon exposé peut être résumé par le syllogisme suivant :

• Les produits agricoles sont les matières premières des industries alimentaires

• Celles-ci n’atteignent une taille critique que si elles sont capables d’exporter

• Pour exporter, il faut qu’elles produisent à des prix euro-compatibles

• Donc l’agriculture doit approvisionner les IA à des prix euro-compétitifs.

Ce qui m’importe, c’est le maintien en Suisse à long terme d’une production agricole substantielle. C’est-à-dire, pour fixer les idées, une production susceptible de couvrir grosso modo 60 % des besoins, comme c’est le cas traditionnellement dans notre pays. Or ce maintien ne va pas de soi. Une large part de la société helvétique ne verrait pas d’un mauvais œil une miniaturisation de l’appareil de production. Les uns se contenteraient volontiers d’une agriculture d’entretien du paysage, très extensive, avec une faible densité de cheptel animalier et une population agricole clairsemée ; un type d’agriculture qu’on trouve en Ecosse, par exemple. D’autres, tels les Verts et les adeptes du « small is beautiful » sont partisans d’un jardinage par un grand nombre d’agriculteurs à condition qu’ils soient petits et bio.

Si le libre échange agricole mondial est à mon point de vue insensé tant les disparités de conditions naturelles, structurelles, politiques, sociales et surtout de coûts sont grandes d’un continent à l’autre, je me suis fait à l’idée d’un libre échange agricole européen. Car, à la différence de ce qui a prévalu de la Première Guerre mondiale à la chute du mur de Berlin, il n’est plus de menace plus ou moins proche et imminente pour l’approvisionnement du pays, qui justifie, aux yeux de la majorité des décideurs politiques et économiques, de produire en Suisse, à n’importe quelles conditions, assez de tout en suffisance, tout le temps. Comme en matière de sécurité et de défense, l’espace stratégique de la souveraineté alimentaire s’élargit à l’espace continental. Et, dans cet espace élargi, il est normal qu’une certaine division internationale du travail intervienne, c’est-à-dire que les pays se spécialisent dans les branches où ils ont des avantages compétitifs.

Genèse de l’ALEA

Le projet a été imaginé en 2005-2006 comme alternative à un accord de libre échange avec les Etats-Unis. Celui-ci aurait nécessairement eu un volet agricole et donc des exigences de concurrence insoutenables avec les conditions d’un pays géant d’outre mer. Il soulevait aussi le problème de l’importation de produits OGM et de viande d’animaux traités aux hormones. Aussi, les organisations de consommateurs, comme les milieux agricoles s’y sont opposés.

Simultanément, était attendue la conclusion du cycle de Doha de l’OMC. Le projet d’accord prévoit une forte réduction de la protection douanière en même temps qu’une baisse des soutiens. En cas d’aboutissement, les prix agricoles suisses chuteraient, mais sans qu’il soit possible de tirer parti de la compétitivité ainsi forcée pour ouvrir des débouchés supplémentaires dans les pays qui nous entourent. Avec le régime OMC seul, les obstacles non tarifaires à l’exportation dans l’UE subsistent et les coûts de production ne seraient pas influencés puisque les maillons de la filière en amont de l’agriculture ne sont pas concernés.

Relevons ici que l’interruption des négociations OMC est vraisemblablement provisoire. Mais les avancées du libre échange ne sont de toute façon pas mises en veilleuse pour autant. Le SECO ne cesse de négocier des accords bilatéraux de libre échange et en cherche présentement de préférence avec les pays émergents : Indonésie, Chine, pays d’Amérique du Sud. Ces partenaires, dont le secteur agricole est encore prépondérant, ont nécessairement des exigences en matière d’exportations de matières premières alimentaires et des coûts autrement plus éloignés des nôtres que les membres de l’UE.

Avantages de l’ALEA

• Il implique toute la filière agroalimentaire, soit y compris les maillons en amont de l’agriculture (approvisionnement) et aval (transformation et distribution). Le protectionnisme agricole actuel, en définitive, protège les transformateurs et les distributeurs plus que les agriculteurs car ceux-ci, dans la filière, sont dominés par ceux-là.

• Il lève les obstacles aussi bien tarifaires que non tarifaires ;

• S’il a pour effet une convergence transfrontalière des prix, il agit aussi sur les coûts ;

• L’accord ne prévoit pas la reprise de la PAC (politique agricole commune) et, par conséquent, les paiements directs de niveau suisse sont sauvegardés ;

• Il est assorti d’un train de mesures d’accompagnement avec une garantie de financement inscrite dans la LAgr: mise en réserve des recettes douanières sur les produits agricoles et les denrées alimentaires ente 2009 et 2016, estimées à fr. 400 mios/an. (10 juin 2010, Der Nationalrat hat der Vorlage zur Bildung einer Bilanzreserve mit 90:87 Stimmen bei8 Enthaltungen zugestimmt.)

Affectation des mesures d’accompagnements :

• soutenir de manière ciblée les atouts et la compétitivité du secteur agroalimentaire suisse;

• consolider et développer le positionnement sur le marché;

• améliorer les conditions-cadre locales et donc la compétitivité;

• organiser la transition de manière socialement supportable à l'aide de mesures temporaires.

Rendre possible ce qui est souhaitable

Si je suis d’accord avec les objectifs de l’ALEA, j’émets des critiques à l’égard du Gouvernement sur les moyens de la mise en œuvre. Le fin du fin de la politique, c’est de rendre possible ce qui est souhaitable. Or je trouve que le Département de l’économie et le Conseil fédéral en général ne créent pas toutes les conditions de réalisation des objectifs. Je vois des lacunes du côté de :

• la stabilisation des coûts que l’on pourrait attendre d’un plafonnement des innombrables mesures de protection de l’environnement, police des constructions, bien-être des animaux, etc. Il est des pays ou des régions qui accordent aux agriculteurs des conditions préférentielles en matière d’assurances, d’énergie, de fiscalité, par exemple ;

• du renforcement du pouvoir de négociation de l’échelon agricole par rapport à celui de ses partenaires de la transformation et de la distribution. Les réglementations sur la concurrence, le contrôle des fusions, les abus de position dominante, la surveillance des prix et des marges, la répression des fraudes, les groupements de producteurs et les interprofessions ne sont pas appliquées ou seulement partiellement en faveur de l’agriculture

• des aides publiques aux entreprises de conditionnement, transformation et commercialisation ; elles sont, en règle générale, substantiellement, voire considérablement, plus élevées chez nos voisins (voir, par exemple, au Tyrol du Sud).

Conclusion : se rendre apte au marché européen ou décliner

Le GPAO (Groupement pour une politique agricole offensive) ne croit pas au maintien du protectionnisme actuel et encore moins à son renforcement. Donc il n’est pas question de défendre les acquis, mais il s’agit d’ouvrir des voies nouvelles en concordance avec les données politiques et économiques prévisibles les plus vraisemblables. Se recroqueviller sur la défense des acquis, c’est se comporter comme les syndicats français qui ne veulent pas d’une réforme du régime des retraites. Le résultat est que l’Etat français croule sous les dettes, que son commerce extérieur est déficitaire, que la compétitivité de son économie est entamée et que son taux de chômage est élevé. A côté, les Allemands ont, voici une dizaine d’années, sous gouvernement socialiste d’abord, accepté un blocage des salaires, modéré les prestations sociales, mis un frein à l’endettement. Et, aujourd’hui, malgré le renflouement des provinces de l’Est, l’Allemagne est le pays d’Europe le plus compétitif avec une balance du commerce extérieur fortement excédentaire, des finances saines et un pourvoir d’achat des consommateurs en hausse.

D'un côté les myopes, ceux qui font l'autruche et les populistes, de l'autre les prévoyants. Pour assurer l’avenir, il faut savoir laisser évoluer le présent.

Question aux participants du cours :

Quand le texte ci-après a-t-il été écrit ?

« Le cultivateur vaudois, à cause de ses dépenses et du morcellement des terres ne peut pas cultiver le blé au même prix que les cultivateurs des pays voisins… Les blés de l’Amérique peuvent nous venir en 25 jours depuis New-York, et l’on sait que les Etats-Unis entrent pour une grande part dans l’approvisionnement en farines des principaux marchés d’Europe, et qu’ils peuvent céder leurs produits à des prix comparativement bas.

« Par l’introduction de la vapeur dans l’économie sociale, et surtout par la création des chemins de fer, les frais de transport sont tellement réduits, les moyens si immenses et la rapidité si grande, que le prix des denrées de première nécessité doit prendre dans toute l’Europe un niveau qu’il ne prenait autrefois que dans une province.

« Le canton de Vaud sera donc très prochainement dans l’obligation de modifier son agriculture… Si ces prévisions ne sont pas erronées, elles n’offrent pas non plus un avenir menaçant. Nous avons devant nous d’autres ressources aussi fécondes et moins dispendieuses, que le chemin de fer nous aidera à exploiter, avec cet avantage de plus que le climat et la nature du pays nous en assurent à jamais le privilège. Les champs se convertiront en prairie. Au lieu de cultiver les blés, l’on élèvera du bétail et l’on fabriquera des fromages ; Nous rivaliserons avec la Hollande.

« L’exportation du bétail pourra aussi acquérir une importance qu’elle n’a pas… Nos fromages dits de Gruyère, peuvent être exportés dans les pays les plus méridionaux, sans que leur qualité en soit aucunement altérée ; et, comme nourriture, ils sont à tous les autres produits de ce genre, pour la conservation aussi bien que pour le goût…

« Ce ne sont point là des espérances illusoires, et je ne cherche pas à adoucir les difficultés du présent par les rêves de l’avenir. La Suisse, est-il besoin de le dire, est le pays le plus favorisé pour ce genre de production. L’élève du bétail et la laiterie, voilà notre industrie vraiment nationale…

Le texte ci-dessus est de Cuendet : « Nos céréales et les chemins de fer », in « L’agriculteur vaudois, Journal des campagnes, No 11 de novembre 1851.

2009-02-16

Milchforum ZMP 2009


Agrarfreihandel mit der EU – gibt es bessere Alternativen
Hans Burger Co – Präsident IGAS


Trotz den gegenwärtigen Schwierigkeiten auf dem internationalen, europäischen und schweizerischen Milchmarkt sind die Zukunftsaussichten für die schweizerische Milchwirtschaft gut. Die absehbare positive Wirkung einer weltweit steigenden Nachfrage auf die Preise, der günstige Wirkungsgrad der Milchproduktion im Zusammenhang mit der Nutzung der weltweit immer knapper werdenden Ressourcen Wasser und landwirtschaftliche Nutzfläche, die guten natürlichen Produktionsbedingungen und das ausgezeichnete Fachwissen auf allen Stufen der Produktion und Verarbeitung erlauben diese positive Beurteilung. Die Schweiz hat beste Voraussetzungen für die Milchproduktion. Aus diesem Grund haben Bundesrat und Parlament anfangs der neunziger Jahre eine Reform der Agrarpolitik eingeleitet. Ziel war die volle Teilnahme am europäischen Markt. Mit der Öffnung in Etappen haben wir für die Milch bereits die Hälfte des Weges zurückgelegt. Wenn wir in Zukunft nicht einen Drittel der Produktion verlieren wollen, dürfen wir nicht eine Politik des „Treten an Ort“ oder gar des „zurück zu den alten Zuständen“ verfolgen, sondern müssen den Weg der Öffnung kompromisslos weiterverfolgen. Das FHAL mit der EU bietet dazu die besten Perspektiven. Keine andere Politik ermöglicht einen vergleichbaren Marktzutritt, bietet soviel Kostensenkungsmöglichkeiten und schliesst die vor- und nachgelagerten Bereiche voll in den Öffnungsprozess mit ein.

Hier die Folien der Präsentation.


Pierrafortscha, 6. Februar 2009; Hans Burger


Journée de réflexion du comité de l’Interprofession du Gruyère



Economie et ouverture des marchés – Résumé de l’intervention de Hans Burger



Malgré les difficultés actuelles sur les marchés du lait international, européen et suisse, les perspectives Horizon 2015 pour le secteur laitier suisse sont bonnes. L’influence d’une demande internationale croissante sur le niveau des prix, l’efficience de la production laitière face à la concurrence qui existe dans l’utilisation des terres agricoles toujours plus restreintes, l’aptitude de nos terres à la production fourragère et l’excellent niveau du savoir faire dans toute la filière permettent ce constat encourageant. La Suisse est prédestinée pour la production et la transformation laitière. Pour continuer dans cette voie, nous devons, comme par le passé, exporter au moins un tiers de la production. C’est la raison pour laquelle le Conseil fédéral et le Parlement ont décidé au début des années nonante une réforme de la politique agricole dont l’objectif est de permettre à l’agriculture suisse et au secteur agro-alimentaire une pleine participation aux marchés européens. Dans ce processus d’ouverture par étape, nous avons atteint l’objectif pour la moitié du lait. A l’avenir, si nous ne voulons pas perdre au moins un tiers de la production, nous devons arrêter de revendiquer une politique agricole « du surplace » voire « du retour en arrière ». Il faut impérativement poursuivre la voie empruntée de l’ouverture. L’ALEA actuellement en négociation avec l’UE offre les meilleures perspectives. Aucun scénario envisageable pour le secteur laitier suisse facilite autant l’accès effectif et direct à de nouveaux marchés, permet une diminution aussi importante des coûts et prend totalement en compte les secteurs en amont et en aval.

Les diapostives de la présentation sont disponibles.



Pierrafortscha, le 18 janvier 2009; Hans Burger

2008-02-19

Vaut-il vraiment mieux adhérer à l’UE que de conclure un accord de libre échange agricole (AELA) avec l’UE ?


On entend souvent des opposants à un AELA que : « C’est une mauvaise solution ; il faudrait mieux adhérer à l’UE. Avec un AELA, seule l’agriculture serait soumise au marché européen alors qu’une fois de plus les autres secteurs resteraient protégés de la concurrence internationale“. Une telle argumentation n’est pas pertinente du tout pour les raisons suivantes:

Premièrement, elle est fausse sur un plan économique général. En effet, à l’exception des produits agricoles et des denrées alimentaires, un libre échange pour tous les biens et en complément la libre circulation des capitaux nécessaire pour ces échanges existe déjà depuis 1972 avec l’UE. La libre circulation des personnes a aussi été introduite depuis lors. On ne peut donc pas prétendre que l’agriculture serait le seul secteur économique soumis à la concurrence européenne. En réalité, c’est exactement le contraire qui existe : les produits agricoles et les denrées alimentaires sont les seuls biens non soumis au libre échange.

Deuxièmement, contrairement à ce qui se passerait avec une adhésion à l’UE, la Suisse ne devrait pas, avec un ALEA, reprendre la politique agricole commune (PAC). Cela signifie que nous restons autonomes en matière de politique agricole. C’est particulièrement important pour les paiements directs. Ils sont, rapportés à la surface, nettement plus élevés chez nous que dans les pays qui nous entourent. Ce supplément (en 2007, environ 1 milliard de francs par année) est absolument nécessaire pour compenser une partie des coûts qui sont plus élevés en Suisse. Car, même avec une adhésion, il ne faudrait pas s’attendre à ce que les salaires (on a déjà la libre circulation des personnes) baissent rapidement, comme on ne pourrait pas s’attendre non plus à un démantèlement de notre législation très „coûteuse“ (par ex: lois sur la protection de la nature, des animaux, de l’environnement et de l’eau, et sur l’aménagement du territoire).

Enfin, la pression sur le revenu de l’agriculture serait nettement supérieure avec une adhésion à l’UE plutôt qu’avec un ALEA. Sur le plan économique pour l’agriculture, un accord de libre échange pour le secteur agroalimentaire est donc nettement préférable à une adhésion à l’Union européenne.


GPAO

Lieber EU - Beitritt als ein Freihandelsabkommen (FHAL) mit der EU?


Von Gegnern eines FHAL mit der EU hört man bisweilen, „dies sei eine schlechte Lösung, da würde man dann schon lieber einen EU Beitritt befürworten. Es werde die Landwirtschaft als einziger Sektor den Bedingungen einer EU Mitgliedschaft ausgesetzt, während einmal mehr alle andern Sektoren sich von der ausländischen Konkurrenz abschirmten“. Diese Argumentation ist aus folgenden Gründen nicht nachvollziehbar:

Zum Ersten weil sie aus gesamtwirtschaftlicher Sicht nicht haltbar ist. Mit Ausnahme der landwirtschaftlichen Produkte und Lebensmittel besteht der freie Güter- mit dem dadurch bedingten Kapitalverkehr schon seit 1972 und die Personenfreizügigkeit ist ebenfalls eingeführt. Es kann also keine Rede davon sein, dass die Landwirtschaft alleine der europäischen Konkurrenz ausgesetzt wird. Richtig dagegen ist, dass landwirtschaftliche Produkte und Lebensmittel als einzige Güter nicht frei mit der EU gehandelt werden können.

Zum Zweiten muss die Schweiz mit einem FHAL mit der EU, im Gegensatz zu einem EU - Beitritt, die Gemeinsame Agrarpolitik (GAP) nicht übernehmen. Das bedeutet, dass wir in Sachen Agrarpolitik auch weiterhin selber entscheiden können. Dies ist besonders wichtig für die Direktzahlungen, da wir auf die Fläche umgerechnet immer noch wesentlich mehr erhalten als in den Nachbarländern. Dieser Mehrbetrag (2007 ungefähr eine Milliarde Franken pro Jahr) ist absolut notwendig um Teile des höheren schweizerischen Kostenniveaus auszugleichen. Denn auch bei einem EU – Beitritt wäre nicht damit zu rechnen, dass die Personalkosten (wir haben Personenfreizügigkeit) kurzfristig sinken und unsere kostentreibenden Gesetzgebungen (z.B. Natur-, Tier-, Gewässer- und Umweltschutz, Raumplanung) gelockert würden.
Der sektorale Einkommensrückgang mit bei einem EU – Beitritt wäre grösser als mit einem FHAL. Aus ökonomischer Sicht ist für die Landwirtschaft ein FHAL dem EU – Beitritt vorzuziehen.



GOAP